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2001, L'Odyssée d'Hélène Goulet

Du premier au 26 octobre 2025

Chez Éclats 521 Art Contemporain

Vernissage le 7 octobre

Sous la présidence d’honneur de:

Dr Mounir Samy (psychiatre)

Matt Herskowitz (musicien)

Commissaire: Professeur Norman Cornett

Avec la sélection du Commissaire Norman Cornett, l’exposition met en lumière une étape charnière dans le parcours d’Hélène Goulet. Les œuvres présentées, réalisées entre 1995 et 2001 tracent la cartographie intime d’une artiste qui transforme la peinture en territoire d’exploration. Débarrassées du poids du figuratif, ses toiles révèlent un souffle qui s'impose avec chaque composition. Le visiteur est convié à entrer dans un univers où l’art devient un langage d’émotions et de forces invisibles. Cette exposition offre une immersion dans la puissance créatrice d’une artiste en pleine affirmation de sa vision.

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 L’odyssée picturale d’une abstraction lyrique (1995-2001)

La période 1995-2001 dans l’œuvre d’Hélène Goulet constitue une étape charnière où se cristallisent une libération gestuelle et une volonté de structuration chromatique. C’est une traversée où la figuration, encore présente par bribes et allusions, cède progressivement le terrain à une abstraction lyrique nourrie d’élans spontanés et de résonances organiques. Les toiles de cette époque témoignent d’un questionnement profond sur la mémoire, la condition humaine et la fragilité de l’existence.

La couleur comme matière vivante

Le premier élément qui s’impose au regard est la couleur. Goulet travaille les primaires avec une audace singulière : rouge, jaune, bleu, orange se déploient, s’opposent et se superposent dans des compositions tendues. L’harmonie se construit dans la confrontation. Le jaune, souvent central, agit comme un foyer incandescent autour duquel gravitent les autres teintes. Cette énergie chromatique évoque la vitalité organique d’une matière vibrante. La couleur devient énergie vitale.

L’énergie gestuelle et l’écriture automatique

 

À cette dynamique colorée s’ajoute la puissance du geste. Les tracés noirs, fragmentés, semblent posés dans l’urgence, comme une écriture automatique guidée par l’instinct. Ils dynamisent la toile, inscrivant une temporalité de l’instant. Goulet ne se contente pas de répéter une rhétorique gestuelle : elle cherche à équilibrer spontanéité et construction, émotion et structure interne. Chaque coup de pinceau conserve son intensité brute, tout en contribuant à un langage pictural cohérent.

Corps fragmenté, mémoire éclatée

 

Au sein de ce tumulte de couleurs et de gestes, émergent des fragments humains : une tête inachevée, des pieds qui dépassent, une main suspendue, des silhouettes tronquées. Ces éléments ne se recomposent en une figure unifiée. Ils offrent un corps dispersé, vulnérable, soumis à la violence du temps et de l’histoire. Cette fragmentation renvoie autant à l’éclatement de l’image contemporaine qu’à une méditation sur la fragilité de la chair. La mémoire ne se donne jamais entière : les surfaces blanches, les zones inachevées fonctionnent comme des silences visuels, rappelant que ce que nous retenons du passé est toujours marqué par le manque et l’ellipse. Le visible et l’invisible cohabitent.

Entre figuration et abstraction

L’une des forces de cette période est le refus de la frontière nette. Goulet brouille volontairement les repères. D’un côté, on reconnaît des formes qui évoquent des crânes, des coquilles, des ailes d’insectes, des masques ou des cœurs. De l’autre, ces mêmes formes basculent dans l’abstraction, se dissolvent en gestes et en couleurs. Cette oscillation constante crée une tension fertile entre rationalité et sensibilité. Le spectateur se trouve ainsi placé dans une position d’interprète actif : il lui revient de compléter ses propres figures dans l'oeuvre.

 

Résonances métamorphiques

Un autre aspect marquant réside dans la dimension métamorphique des formes. Arabesques noires et vertes, masses colorées hybrides semblent donner naissance à des créatures végétales ou animales. Les toiles respirent un imaginaire organique, se rejoignent dans une même dynamique de transformation. Les œuvres évoquent des passages d’une forme à une autre, comme si l’artiste cherchait à réinventer un langage symbolique.

 

Fragilité et vitalité

Malgré la fragmentation et la vulnérabilité qu’elles expriment, ces peintures ne sont pas sombres. L’usage flamboyant des couleurs primaires insuffle une énergie presque festive. On y perçoit une tension fondamentale : d’un côté la fragilité d’une existence exposée à la violence, de l’autre la persistance d’une force lumineuse qui refuse l’effacement. Goulet parvient ainsi à traduire la condition humaine dans sa double dimension : vulnérable et vitale, fragile et résistante.

Une phase de transition et d’odyssée intérieure

 

Cette période 1995-2001 marque une transition décisive. L’artiste s’éloigne de la figuration explicite, des paysages pour plonger dans une abstraction où la couleur devient le véritable sujet et la forme un prétexte à l’exploration. Ce qui est recherché n’est pas une image stable mais la captation d’une transformation. Chaque toile se lit comme le fragment d’une odyssée intérieure, une traversée de la matière picturale envisagée comme vecteur d’émotions.

Conclusion

 

Les peintures d’Hélène Goulet de la fin des années 1990 s’inscrivent dans une démarche de déconstruction de l’image figurative et de réinvention d’un paysage intérieur. Elles témoignent d’un lyrisme abstrait où la couleur et le geste traduisent la tension entre vulnérabilité et vitalité. Elles posent la peinture comme un lieu d’expérience, où la mémoire, le corps et l’imaginaire s’entrelacent. Cette période se présente comme une méditation plastique sur la condition humaine : une quête de la vie au cœur de la fragilité.

La relation Goulet-Lemoyne

La disparition de Serge Lemoyne en 1998 a certainement marqué un tournant dans la trajectoire d’Hélène Goulet, autant sur le plan personnel qu’artistique. La perte d’un compagnon qui était aussi un partenaire de création a pu provoquer une profonde remise en question. L’absence de Lemoyne, avec qui Goulet partageait une complicité intellectuelle et artistique, a sans doute laissé un vide qu’elle a pu chercher à combler par une intensification du geste pictural et de la recherche formelle. Le deuil se transpose souvent dans l’art par une énergie nouvelle, où l’artiste transforme la douleur en force expressive.

Une continuité et une résonance

 

Le dialogue créatif entre Lemoyne et Goulet ne s’est pas interrompu avec la mort, mais s’est déplacé. On peut imaginer que Goulet ait poursuivi certains questionnements amorcés avec lui, comme une réponse différée. Sa peinture de la fin des années 1990 montre une tension entre éclat chromatique et intériorité méditative : une dialectique qui pourrait refléter le besoin de garder vivant le souffle partagé avec Lemoyne, tout en affirmant sa propre voie.

 

La sublimation par la couleur et le geste

 

Chez Goulet, la couleur devient parfois foyer lumineux; les formes organiques et fragmentées traduisent une quête de sens au-delà de la perte. Cette sublimation par la matière picturale peut être interprétée comme un travail de deuil : transformer l’intimité disparue en une mémoire sensible et visuelle.

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L’expression artistique

 

La série « Fleurs outrageantes » sont parmi les tout premiers tableaux qu’elle a réalisés après le décès de Serge Lemoyne. Ces œuvres sont réalisées en techniques mixtes sur plexiglas. On observe un contraste marqué entre teintes sombres (noir, bleu, rouge, blanc) et une exécution « violente » qui rend la rage presque palpable. Cette série traduit par la matière picturale le choc des émotions, la cohabitation de la beauté maladroite, de l’indicible douleur et de la pulsion vitale (L’espace à cœur ouvert par François Escalmel, 2000, Vie des arts).

Alternative / Version Courte

Les œuvres d’Hélène Goulet réalisées entre 1995 et 2001 s’imposent comme une étape décisive dans son parcours artistique. Elles traduisent une recherche plastique où l’énergie gestuelle et la puissance de la couleur se conjuguent dans une tension permanente entre figuration et abstraction.

La couleur y occupe une place centrale : rouge, jaune, bleu, orange sont utilisés avec intensité et audace. Le jaune, souvent lumineux, agit comme un foyer solaire autour duquel s’organisent les autres teintes. La couleur devient matière vivante qui insuffle aux toiles une vitalité festive.

 

Les compositions sont traversées de tracés noirs fragmentés, proches de l’écriture automatique. Ils introduisent une dimension gestuelle brute, maîtrisée par une recherche de structure interne. Cette gestualité s’accompagne de fragments humains, une tête inachevée, des mains, des pieds, des silhouettes tronquées qui rappellent la vulnérabilité du corps. Ces restes corporels témoignent d’un être morcelé, traversé par le temps.

 

La peinture de Goulet suggère aussi des métamorphoses : formes ovoïdes évoquant des crânes, des coquilles, des ailes ou des masques, arabesques qui laissent deviner des créatures hybrides. Les zones blanches fonctionnent comme des silences visuels, révélant que la mémoire se compose d’absences et de traces.

 

Ces œuvres traduisent une phase de transition : l’artiste s’éloigne de la figuration et du paysage pour plonger dans une abstraction lyrique où la couleur devient sujet, et la forme, prétexte à l’exploration. Goulet cherche à capter mouvement et transformation.

 

Cette période révèle une véritable odyssée intérieure : une peinture gestuelle et organique, où la fragilité humaine et la force vitale se rencontrent dans un langage pictural d’une intensité rare.

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